La noix du Périgord, si vous ne l’avez goûtée et appréciée, vous en avez au moins entendu parler. Mais connaissez-vous son histoire ? Ce produit, certifié et de qualité, représente un patrimoine culturel et gastronomique dans le Sud-Ouest. Sa longévité n'est plus à démontrer : la noix du Périgord a déjà 17 000 ans.
Grotte de Lascaux, ©Sémitour Périgord
La noix du Périgord a déjà 17 000 ans, le saviez-vous ? Des traces de coques de noix remontant à 17 000 ans ont été découvertes dans des lieux d’habitation de l’homme de Cro-Magnon. Et ce, dans le Périgord, l’un de ses berceaux. Plus de précision ? Ces coques de noix datant de l’époque azilienne viennent d’un gisement de Peyrat, à côté de Terrasson en Dordogne.
Au Xème siècle, la noix du Périgord avait déjà une grande valeur. Les paysans acquittent d’ailleurs leurs dettes en setiers de noix. Au XIIIème siècle, c’est son huile qui est considérée comme un bien aussi précieux que l'or : à l’abbaye cistercienne du Dalon, les baux étaient versés en huile de noix. L’huile de noix contribua d'ailleurs à la fortune de la région, et son utilisation fut multiple. Elle permettait d'éclairer les humbles masures par exemple, ou les plus majestueuses cathédrales. L’huile de noix faisait également le bonheur des peintres, et celui des belles qui se savonnent le corps au savon mou.
En 1730, les trois-quarts des paysans n'utilisaient que l'huile de noix pour la cuisine. Son commerce se développe, via Bordeaux, vers la Hollande, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. En Dordogne, le commerce est intense. Les gabariers transportent non seulement l'huile mais aussi les grumes de noyers, et les noix, et ce, du port fluvial de Souillac jusqu'à Libourne, donnant ainsi son nom à l'un des quais « le port des noyers ». Les noyers connaissent une forte expansion dans toute la France et surtout dans le Sud-Ouest où la noix fait l'objet d'un vrai commerce.
En 1830, les grands froids portent un coup sérieux à la noyeraie. L'avènement de nouvelles oléagineuses comme l'œillette ou le colza, et l'arrivée des huiles tropicales, bouleversent le commerce de l'huile de noix qui se retrouve en plein déclin à la fin du 19ème siècle. A cette époque, le commerce se diversifie à l'initiative de négociants bordelais vers la noix en coque, avec Corne et Marbot. Le Sarladais se spécialise dans le cerneau avec une variété à coque tendre, la Grandjean. Les exportations se font à destination de l'Angleterre et des États Unis.
En 1950, la filière Noix du Périgord se mobilise pour créer, sur des bases modernes, de nouvelles noyeraies à partir de variétés traditionnelles. La Franquette est introduite dans le Bassin de production.
Depuis, l'huile de noix a acquis ses lettres de noblesse diététiques et gastronomiques, et s'affiche à la carte des plus grands restaurants. Aujourd’hui, le Périgord et le Quercy assurent 37% de la production de la noix française, à égalité avec le Sud-Est (Isère et Drôme pour l’essentiel). La nuciculture (culture de la noix) s’est énormément développée depuis 1994 grâce au Syndicat de défense de la noix, et le produit obtient en 2002 l’Appellation d’Origine Contrôlée AOC « Noix du Périgord ». Deux ans plus tard elle obtient également la certification européenne et devient une Appellation d’Origine Protégée AOP. Envie de découvrir la noix ? Un circuit touristique a été élaboré pour découvrir différents lieux de productions et de plantations de noyers : la route de la noix.